Giboulot relaxé: retour à la case départ?


Chez les politiciens de l'écologie, les greenwashés de circonstance (pléonasme) et les fétichistes du vert, on exulte! La cour d'appel de Dijon a relaxé* Emmanuel Giboulot, le viticulteur bio de Beaune qui avait refusé de traiter ses vignes contre ce fléau qu'est la flavescence dorée. "C'est une victoire de la mobilisation citoyenne, c'est être lanceur d'alerte", a-t-il déclaré à l'AFP à la sortie du tribunal, sous les acclamations des membres de son comité de soutien.
Qu'un fonctionnaire, pas nécessairement au fait de la complexité du problème, puisse décider brutalement depuis son bureau préfectoral une mesure de terrain aussi lourde que ce traitement n'était évidemment pas réjouissant. Qu'il puisse être renvoyé dans ses cordes au nom de la précipitation est peut-être une bonne nouvelle. Mais le problème reste entier, que ne résoudra pas sur le fond la Loi d'Avenir sur l'Agriculture votée récemment.


Rien faire contre la flavescence dorée et/ou son vecteur la cicadelle, comme le souhaitent quelques hurluberlus généralement citadins, conduirait sûrement à une catastrophe majeure pour le vignoble français. Rien faire, ce n'est d'ailleurs en aucun cas la position d'Emmanuel Giboulot qui affirme vouloir "avoir une action responsable avec la détection et l'arrachage des pieds malades et appliquer des traitements uniquement quand il y a véritablement danger, en cernant davantage les zones de traitement".
Et au niveau collectif? Car c'est au niveau collectif que se joue la partie contre la flavescence dorée, la cicadelle étant peu au fait des actes notariés et des délimitations parcellaires. Quelles mesures vont être prises? Va-t-on resserrer les mailles du filet avec des structures d'observation mutuelles de l'avancée de la maladie comme cela existe déjà en Gironde?


N'oublions pas non plus les vignes futures: espérons que les pépiniéristes seront incités à travailler proprement, en livrant des plans sains, désinfectés. Car, pour ce qui est de l'existant, on le sait, rien de nouveau, malheureusement, deux pesticides sont en lice, l'un bio, l'autre non. Du bio, le Pyrevert, Emmanuel Giboulot disait à l'audience qu'il n'était "pas sélectif. Il aurait, ajoutait-il, détruit la cicadelle mais aussi une partie de la faune auxiliaire sur laquelle je m'appuie pour réguler l'écosystème de mon vignoble".
Bref, au delà des communiqués de victoire, la solution reste à trouver. Une alternative pointe le bout de son nez. C'est le SEDARB, le Service d'ÉcoDéveloppement Agrobiologique et Rural de Bourgogne, une association qui vise à promouvoir le bio dans la région, qui l'expérimente. L'idée est de lutter contre la cicadelle grâce à des procédés plus "nature" comme la silice ou l'huile du margousier d'Inde (l'arbre photographié ci-dessous). Les résultats de cette expérimentation devraient être prochainement dévoilés. Attendons pour voir.




* L'arrêt de la cour n'a pas encore été publié, mais, selon Me Benoist Busson, l'avocat d'Emmanuel Giboulot, le premier motif de relaxe est le « caractère d’urgence qui n’a pas réussi à être démontré ». Comme l'explique Vitisphère, un tel arrêté préfectoral décidant des traitements obligatoires contre la flavescence doit en effet obligatoirement être pris uniquement s’il y a urgence. Or en juin 2013, date à laquelle l'arrêté est tombé, « la maladie n’était pas présente, aucun pied n’était répertorié » affirme Emmanuel Giboulot. Le second point sur lequel le juge s’est appuyé pour prendre sa décision est la non-validation, à l’époque, de l’arrêté préfectoral par le ministre, chose pourtant obligatoire.

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