Le suicide au saucisson.


Jusqu'à ce lundi vingt-six octobre, chers amis, chers lecteurs, nous étions des kamikazes et nous ne le savions pas. C'était pourtant évident, le plus nul des détectives privés aurait résolu le cas en quelques jours de filature: ces visites répétées au boucher, ce détour par la charcuterie. On vous a même vu entrer au restaurant des abattoirs, là où se grillent des pièces du chevillard et des côtes de bœuf qui dépassent le kilo. Et ce pèlerinage dans le Lot, au pays du "meilleur jambon du Monde"? Suicidaire, on vous dit! 


Quoi? Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant? La nouvelle est tombée juste avant le repas de midi sur les téléscripteurs: "la consommation de charcuterie est cancérogène, celle de viande rouge probablement aussi". Elle émane du Centre international de recherche sur le cancer (une agence de l'OMS), lequel vient de publier une "évaluation" en ce sens dont le texte intégral est consultable ici.
"Ces résultats confirment les recommandations de santé publique actuelles appelant à limiter la consommation de viande", a commenté le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC. Sont classés comme viandes rouges, le porc, le bœuf, le veau, l'agneau, le mouton, le cheval et la chèvre. "Le fait de ranger les charcuteries, et autres viandes transformées, dans le groupe des agents qui sont causes de cancer, comme le tabac ou l'amiante, ne veut pas pour autant dire qu'ils sont tout aussi dangereux" note toutefois le CIRC. Selon les estimations les plus récentes du projet Fardeau mondial de la maladie (Global Burden of Disease Project) trente-quatre-mille décès par cancer par an dans le monde sont imputables à une alimentation riche en charcuteries, contre un million de morts par cancer imputables au tabac et deux-cents-mille à la pollution atmosphérique. "La viande rouge n'est pas non plus dépourvue de valeur nutritive", nuance le directeur du CIRC. Il appartient aux gouvernements de soupeser les risques et les avantages de cette consommation. 
Que les hygiénistes, les animalistes et tous les pisse-froids de la Terre ne débouchent pas le Champomy sans sucre trop vite, l'agence de l'OMS ne tire pas la conclusion qu'il faut devenir végétarien car, fait-elle savoir, "les régimes végétariens et les régimes carnés ont des avantages et des inconvénients différents pour la santé".


Entendons-nous bien, je ne prône pas la sur-consommation de hamburgers, à l'américaine, je n'ai pas le culte du frigo bourré de knackys sous-vide et de salamis en plastique. Il conviendrait d'ailleurs de s'interroger sur la toxicité liée au méthode de production et de transformation. Parce que "la" viande, "la" charcuterie, c'est un peu court. Évoquons la quantité, mais n'oublions pas la qualité.
Et puis surtout, face à cette terrifiante annonce, susceptible de vous gâcher le repas, ce que je sais aussi, c'est que le stress, l'angoisse, et même les tendances hypocondriaques nuisent gravement à la santé. Et surtout, que vivre est une maladie mortelle.



Commentaires

  1. Le fromage aussi, bientôt nouvel bataille de l'ANPAA et des apôtres du Streng Verboten ?

    http://www.slate.fr/story/108879/fromage-aussi-addictif-drogue

    Le pire c'est qu'il pourrait y en avoir pour s'y coller.

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  2. Que doivent penser nos anciens de ce monde qui ne tourne plus rond ?

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