Un apéro de mots.


Il y a fort peu de chances que vous me voyiez ici parader avec une médaille, quelle que soit la couleur de son ruban. Les seules que j'ai obtenues, je les ai gagnées, grâce à mes muscles surtout et un peu à ma tête. Les décorations, c'est un autre sport pour lequel je ne suis assurément pas assez souple, de l'échine et de la langue. Se courber, grenouiller, lécher, ça réclame des athlètes de haut niveau. Je n'en suis pas. Enfin bon, on ne sait jamais, sur un malentendu…
Vous imaginez donc ma surprise quand, en commençant de parcourir le Dictionnaire chic du Vin, à la page vingt-et-un, je suis tombé sur mon nom. À la notice "Amour" en plus, l'amour étant comme chacun sait indissociable du vin. Notice en forme de panégyrique qui aurait presque fait rougir le cancre que je suis s'il n'était parfaitement immunisé contre la fausse modestie.


Celui qui m'a fait entrer dans le Dictionnaire, chic de surcroît, c'est Léon Mazzella. Une vieille connaissance, un bourlingueur, un flibustier de la plume, chasseur justement à ses heures (amateurs de gibier, il me semble que nous avons couru les mêmes forêts). Il n'a rien à prouver, rien à vendre, Léon. Juste sa bonne gueule, son amour à donner. Et du plaisir en partage. Il ne nous promet ni l'anoblissement pinardier, ni le petit matin du grand soir. Ce qui rend ses envolées liquides bien plus digestes que tant de publi-reportages, engagés ou pas, au lyrisme, ou au militantisme besogneux.


Pour parodier le mot d'Antoine Blondin (qui entre autres écrivains prestigieux a bien sûr sa notice), nous voilà conviés, verre en main, non pas à un "goûter de mots" à la commission du Dictionnaire de l'Académie Française, mais un "apéro de mots". Un moment bruyant, joyeux et distingué, abondamment arrosé d'irouléguy des Riouspeyrous ou d'un terrasses-du-Larzac de Julien Zernott et Delphine Rousseau. Le tout sous l'égide d'un dictionnaire débonnaire mais alerte où l'énigmatique Callcut suit l'émouvant Cahors, où le petit Jura  précède le grand Kauffmann.
Un livre vivant, à picorer, au gré des notices et qu'on trouve à vingt-deux euros* chez tous les libraires qui aiment le vin (synonyme de bons libraires). Est-il besoin de vous rappeler que Noël approche et de vous signaler que je viens à l'instant de vous retirer une belle épine du pied? Car oui, c'est le cadeau idéal.




* Dictionnaire chic du Vin, Léon Mazzella, ÉCRITURE, Paris 2015. Cet ouvrage est édité dans une nouvelle collection qui accueille également le Dictionnaire chic du Cinéma d'Éric Neuhoff, le Dictionnaire chic de Philosophie de Frédéric Schiffer et le le Dictionnaire chic de Littérature de mon autre camarde Christian Authier (en lien plus haut à cause de Callcut dont il est friand)







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